Le Petit Ney

Nicolas BACCHUS : Un sacré troubadour à la Porte de Clignancourt

Le Petit Ney - Le 1 février 2005
Après Toulouse, le chanteur Nicolas Bacchus a posé ses valises dans le quartier
Un personnage le Bacchus ! Pour ce chanteur bon vivant, qui aime croquer tous les plaisirs de la vie, un tel nom de scène ne pouvait pas mieux tomber. Dans ses spectacles, ça parle d’amours déçues, de sans papiers, d’homosexualité, de liberté, de chiens, de petits ânes gris… tout est construit « pour emmener les gens dans un univers ».
Élevé au café théâtre, aux chansonniers, à la contestation, mais aussi aux chansons « à texte » plus poétiques, ses références incontournables restent Font et Val, Renaud, Brassens, Brel. On est bien loin de la chanson marketée que les télés nous proposent actuellement. Auteur, compositeur, interprète, sur scène Bacchus est un bavard, un brin potache, livrant au public ses prises de position et autres coups de gueule dans ce qu’il appelle ses « baratins ».
D’ailleurs, « Je revendique le côté “revendicatif”, si on ne revendique pas c’est pas gagné. Mais aujourd’hui, il est de plus en plus difficile d’écrire des chansons politiques, un Desproges serait en prison, il faut sans cesse se justifier que ce n'est pas contre ci ou contre ça, on a tellement favorisé les replis identitaires ! Et puis les gens manquent de culture politique. En écrivant une chanson, j’ai une responsabilité et je n’ai pas envie qu’elle soit trop simpliste ou trop élitiste », s’exclame-t-il.
Pas démago pour un sou, le Bacchus s’amuse à titiller son public, afin de lui faire poser des questions. À travers ses textes, l’amour entre deux garçons acquiert ainsi une résonance universelle. Personnage espiègle, il passe également du coq à l’âne, veut surprendre, enchaînant des chansons très variées. Mais derrière cette langue bien pendue, nul étalage, la pudeur est de mise… « Ce n’est pas parce que je dis que je n’ai pas de vie privée que je n’ai pas une intimité », souffle l’intéressé. Si, au détour d’une phrase, d’une posture, on cerne une vérité, Nicolas préfère brouiller les pistes en convoquant son personnage : « là je vais te faire une phrase à la Bacchus ».
Auvergnat d’origine, fils de profs, ce jeune homme de 33 ans est « issu d’une famille où on parlait beaucoup de politique ». Une première envie : travailler dans le social. Après des études de droit et de psychologie, il deviendra éducateur spécialisé ; direction, Villefranche de Rouergue puis Toulouse. Les joies de la chanson finissent pourtant par l’emporter, tout en militant quelques temps à Chiche !, l’association des jeunes écolos alernatifs, « où j’ai trouvé des gens qui avaient envie de faire des choses ensemble ».
Après ses débuts dans le Sud Ouest, et deux albums autoproduits, Nicolas décide finalement il y a deux ans et demi de monter à la capitale, « parce que c’est là qu’on peut se faire connaître des médias, des programmateurs ». Quand il n’est pas en concert aux quatre coins de la France, il investit alors une « coloc » porte de Clignancourt, où il se fond dans la diversité des modes de vie : « Je suis très citadin dans l’âme, j’aime entendre dix langues sur 100m de trottoir, la porte de Clignancourt, c’est le paradis pour ça, avec toutes les activités, les gens intégrés et les désintégrés… d’ailleurs le parisianisme me fait autant rire que le provincialisme », raconte cet éternel libertaire, cosmopolite en tous lieux.
Marc ENDEWELD
 
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